« Blogueurs accrédités = journalistes discrédités » : le débat revient sur la table !

Publié le par Tommy001

Il y a près de trois mois, j’abordais sur ce présent blog le problème des accréditations délivrées aux citoyens blogueurs au même titre que les journalistes. De véritables invitations accordées pour des événements divers. Une authentique reconnaissance et une crédibilité supplémentaire des blogs en tant que média qui n’est pas pour ravir les véritables journalistes. Le débat n’a pas fini de s’envenimer… Le dernier exemple en date est le coup de sang de Christophe Carignano, journaliste automobile français qui explique que « je ne peux m'empêcher d'exprimer ma révolte en découvrant depuis quelques jours que des blogueurs s'enorgueillissent d'avoir reçu une accréditation "journaliste" pour les Université d'été de l'UMP du 1er au 3 septembre prochain à Marseille ». Pas surprenant de prime abord que ce soit l’UMP qui fasse le pas. Le parti a toujours montré plus que les autres son intérêt pour les blogs. Sarkozy avait même accepté d’être le premier politicien podcasté par Le Meur… Evidemment, rien à voir avec l’adhérence ou non des citoyens reporters à ce parti politique mais bien la colère d’une telle pratique. « Cette décision est dangereuse et pourrait avoir des conséquences que le parti majoritaire (et les autres) ne semble pas imaginer, sur le plan légal notamment en cas d'éventuels dérapages... J'imagine aussi l'agacement (voire plus...) des "vrais" journalistes gênés dans leur travail par des blogueurs encombrants et monopolisant les outils réservés à la presse. »

Le journaliste argumente son propos en n’hésitant pas à inviter les « nouveaux journalo-blogueurs » à se renseigner sur la déclaration des devoirs et des droits des journalistes avant d’accepter de jouer les citoyens reporters en acceptant les accréditations. « Les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements, sont : (...) 9) ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs sans oublier de 10) refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction. Ceux qui auront à répondre de plaintes devant les tribunaux ne pourront pas dire qu'ils n'étaient pas prévenus ! A bon entendeur ... »

Le malaise est donc bel et bien présent entre les citoyens reporters qui veulent s’impliquer de plus en plus dans le traitement de l’actualité et les journalistes qui ont dû mal à considérer la crédibilité qu’on leur accorde et la remise en question de leur profession. Il est vrai qu’il est difficile de digérer que monsieur et madame Tout-le-monde puissent s’improviser journalistes alors que celui dont le traitement de l’actualité est sa profession a passé du temps sur les bancs d’écoles pour développer sa plume mais aussi et surtout pour étudier la déontologie générale du métier, les règles, les méthodes et son éthique …

La complémentarité

« Les blogs peuvent se permettre des libertés et une certaine subjectivité, lorsque les journaux recherchent l’objectivité. Paroles de citoyen d’un côté, information de l’autre : les deux sont tout aussi utiles, bien sûr, mais les objectifs sont différents. »

Je partage ce point de vue sur une telle pratique : aujourd’hui, on commence à vivre avec deux types de traitement de l’information, à savoir le journalisme et le blognalisme. Ces deux types de traitement se rejoignent sur un point : les blogs d’actualité sont aujourd’hui un outil complémentaire, aux limites de l’incontournable dans le flux d’informations reçues du terrain, des informateurs ou encore, pour ne citer que cela, des dépêches d’agences.

« Les journalistes ont toujours eu besoin d’un carnet d’adresses pour obtenir des infos. Et je crois que les blogs ne sont pas à négliger. Ils peuvent être une bonne source d’information à véritablement considérer… » m’avait relaté Jean-Jacques Le Garrec, grand journaliste reporter chez France 2 en février dernier. Evidemment, il y a toujours le travail de recoupement de l’info & Co !

Maintenant, la question est peut-être aussi de se demander à qui les véritables journalistes doivent reprocher ce type de pratiques : aux citoyens reporters qui voient leurs demandes d’accréditations acceptées ou aux personnes (ou groupements de personnes) qui délivrent les accréditations ?

En tous cas, la question des accréditations n’a pas fini de faire pianoter sur les claviers !

Source de cette information : Le Blog de Christophe Carignano et Pointblog

Publié dans blognalisme

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F
Salutations,Je viens de tomber sur ton blog par hasard. Je suis étudiant en communication et je travaille également sur le thème "blogs et pratiques journalistiques". J'ai parcouru ton blog et vu que tu avais mis en ligne un questionnaire fort intéressant. Je me demande s'il serait possible de m'envoyer les résultats.Si ça t'intéresse, j'ai des comptes rendus d'entretiens effectués avec des journalistes professuionnels de mon quotidien régional (le dauphiné libéré, j'habite à Grenoble en France) et un blogueur qui marche pas mal du tout dans mon agglo (Christophe Oléon, créateur de Greblog). Les entretiens sont centrés sur le raport au lecteur, les pratiques marketing dans la fonction journalistique et évidemment "blog et journalisme".Si ça t'intéresse fait le moi savoir: franck_simon73@yahoo.frPs: sympathique comme tout ton blog,
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M
Je pense au contraire que le fond du problème résulte de la manière de traiter l'information aujourd'hui. Pourquoi les blogs? Pourquoi un tel succès de l'information sur le web et par ces fameux incompétents....les blogeurs? Rogneraient-ils sur des "acquis et des privilèges" d'une classe (mince, je les croyais abrogés depuis une certaine nuit d'aoùt 1789!!) lol Je crois que les journalistes (économie-politique) feraient mieux de penser que si une telle concurrence naît aujourd'hui, le mot n'est pas trop fort, c'est pour pallier leur incompétence, leur politiquement correct, leur médiocrité. N'assistons nous pas à une baisse des lecteurs de la presse quotidienne? Pourquoi donc ?!! Ce n'est pas le tout d'avoir des accréditations, une carte de presse... ce n'est pas l'habit qui fait le moine! Il faut des compétences.....  Le lecteur se tourne aujourd'hui vers d'autres moyens d'informations, plus sûrs, las des manipulations de ces personnes à la solde de politiciens ou de lobbies.... Ils écrivent tous pareils, uniformisation de la pensée.... et le premier qui ose sortir de la norme paraît suspect. Les journalistes n'ont que ce qu'ils méritent et si l'UMP profite de cette nouveauté, ce n'est pas innocent!!! C'est que ce groupe politique espère tirer profit de ce moyen de communication en forte croissance. Il ne faut pas rêver, il ne s'agit pas d'un geste irréfléchi ou sympathique.... En quelques années, les médias nous ont prouvé qu'ils étaient largement perfectibles.... La confiance n'existe plus. J'ai résolu, justement, ce problème..... Je vis sans télévision, sans LE journal qui m'impose les infos dont je n'ai pas besoin.... Je vais moi même chercher les informations sur internet, celles qui m'intéressent.... et j'en cherche les.....sources..... Je suis certaine qu'il existe encore de bons journalistes compétents.... chacun fera son tri.
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C
Ces journalistes invités au Bahamas tester une voiture de rêve, ces journalistes des magazines informatiques influencés par la page de pub d'en face, recevant des téléphones mobiles par "sympathie", ces rédacteurs en chef nommés par tel ou tel politburo, cessons l'hypocrisie...
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F
Et si on se contentait de rappeler qu'un journaliste professionnel est d'abord une personne détentrice d'une carte de presse délivrée par une association dûment mandatée...<br /> Aux associations professionnelles de se pencher sérieusement sur le problème et d'apporter des propositions de solution.
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